Au gré des émotions by Denis Monette

Au gré des émotions by Denis Monette

Auteur:Denis Monette [Denis Monette]
La langue: fra
Format: epub
ISBN: 9782896442034
Éditeur: Logiques
Publié: 0101-01-01T00:00:00+00:00


Après trois mois de mariage, Jean-Pierre se pose des questions: «Qu’est-ce qui m’arrive? Ai-je fait une bonne chose en me mariant? Vais-je… m’habituer?» C’est la période du choc postmarital, celle où le jeune marié met sa manière de vivre en cause. Le temps de l’adaptation, quoi! On ne quitte pas ainsi le toit familial sans qu’un changement s’impose. Si je m’en rapporte à ma propre expérience, je me souviens que, à cette époque, je regrettais «les bons soins de ma mère». Je devrais plutôt dire sa «servitude», puisque ma mère me choyait, fermant les yeux sur tout comme presque toutes les mères de ces années-là. Elle ramassait sans mot dire tout ce que je laissais tramer derrière moi; elle repassait mes chemises; s’informait de mes préférences pour le souper, mangeant la même chose même si, parfois, elle aurait eu envie d’un autre plat. Et là, parce que je m’étais marié, je devais apprendre à me «ramasser», à déposer mon linge sale dans le panier, à manger le pâté chinois préparé par mon épouse lequel, à mon avis, n’était en rien comparable à celui de ma mère. C’était l’adaptation et… je ne m’en doutais pas. Je vivais sous le choc de ce que ressent tout jeune homme privé, soudainement, des bonheurs de «l’esclavage» de sa mère et devant affronter les exigences, bien normales, de son épouse. Je ne pensais pas non plus que cette épouse quittait également un mode de vie bien à elle pour s’adapter en quelque sorte au mien. Ah! ces hommes d’hier qui croyaient que l’épouse accepterait, sans protester, d’être une seconde mère. À l’âge de vingt ans, c’était peut-être excusable. J’étais un «homme-enfant», qui deviendrait en peu de temps un «père-adolescent». Le temps a fort heureusement changé le cours des choses. Les mariés d’aujourd’hui n’ont plus vingt ans, et les épouses de l’ère moderne sont nettement plus libérées que celles d’antan. Elles ont appris le juste partage, les hauts et les bas de la vie à deux et ce, sans déposer les armes, sans courber l’échine.

J’en reviens à Jean-Pierre qui traverse une période de réflexion après douze semaines de vie conjugale. «Pauvre petit gars!» aurait-on dit dans mon temps; «Pauvre petite fille», me dis-je en pensant à Sylvie, celle qui partage la vie de Jean-Pierre et qui doit s’habituer tout comme lui à ce brusque changement. À l’instar de son mari, Sylvie travaille pour gagner sa vie et contribuer au pain quotidien. Comme lui, elle a abandonné son «mode d’emploi» pour tenter de s’habituer au sien. Il me dit, comme si c’était la mer à boire: «J’ai l’impression d’avoir perdu ma liberté.» Et elle? N’était-elle pas libre de toute entrave avant de te prendre pour époux? N’avait-elle pas ses habitudes, ses choix de plats, ses goûts et ses couleurs, avant qu’elle essaie de partager les tiens, Jean-Pierre? Comme si cette difficile adaptation n’était que pour les hommes! Sylvie, qui sortait, qui aimait danser, qui était choyée par son père, qui n’avait à répondre de ses gestes devant



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